(lesobservateurs.ch)
Lorsque les entreprises publiques de services ont besoin d’une « information client » permanente en tant que « service public », l’information gouvernementale se rapproche de la propagande d’État. La citoyenne et les citoyens sont « accompagnés de manière communicative », si possible du berceau à la tombe, d’une armée de responsables de la communication bien formés et bien connectés aux médias à Berne. Les personnes financées par les contribuables ont pour mission de les informer en tant que citoyens de manière à ce qu’ils partagent finalement l’opinion majoritaire au sein du gouvernement. On annonce alors de manière triomphale que l’opinion du Conseil fédéral ou du Conseil de gouvernement s’est une fois de plus imposée, précisément parce qu’elle incarne la seule chose raisonnable.
Les divergences d’opinion sont, le plus souvent massivement réduites, repoussées dans les rubriques lettres de lecteurs, dans des produits de niche de la publication où les dissidents s’agitent, et la distinction entre les contributions sérieuses et les faux devient de plus en plus difficile. Heureusement, dans une démocratie directe, il y a encore des exceptions. Il arrive qu’un « peuple têtu » refuse l’allégeance au gouvernement et à ses porte-parole médiatiques. Du côté du gouvernement, on dit alors que l’on a communiqué trop peu ou insuffisamment et que la propagande des opposants au gouvernement a été menée avec trop d’efforts financiers et populistes-propagandistes.
Les médias ne sont pas un « service public », mais un élément essentiel d’une société civile fondée sur les principes d’ouverture, de diversité et d’autonomie privée. La liberté des médias n’est garantie que si les médias sont également financièrement indépendants du Trésor public et de l’État en tant qu’employeurs. Pour les magazines autofinancés, il est difficile d’observer que d’autres magazines, par exemple par des offices fédéraux ou des universités, sont édités par des employés de l’État (pendant les heures de travail), puis recours à des fonds publics et même, dans certains cas, à un grand distributeur de non-abonnés sans port.
L’État libéral démocratique ne devrait pas avoir une influence institutionnalisée dans le domaine de l’information, ni par le biais de monopoles, ni de quasi-monopoles, ni de compétences en matière de subventions. Le corporatisme, c’est-à-dire l’interaction organisée entre l’État et l’économie, conduit à une prééminence du système politique, notamment dans le domaine des médias et de la culture. L’État est également perçu dans les médias comme un « ami et un assistant », comme un éducateur, comme un promoteur et comme un sauveur dans le besoin. C’est particulièrement dangereux pour les entreprises des médias en difficulté économique. Il en résulte une sorte de partialité qui porte atteinte à la critique permanente du pouvoir de l’État, indispensable à une société libre ouverte.
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Robert Nef, lic. iur. est publiciste et vit à Saint-Gall. Il a dirigé le Liberales Institut pendant 25 ans et a été rédacteur en chef du “Schweizer Monatshefte”. Il a présidé la Fondation pour l’éthique et la culture occidentales jusqu’en 2016. Pendant 20 ans, il a été président honoraire de la fondation “Ostschweizer Kinderspital”. Il a reçu des prix de diverses organisations pour son engagement en faveur des valeurs libérales.
Source: https://lesobservateurs.ch/2021/10/12/contre-la-democratie-dirigee-par-les-medias/